Macron, nouvel Hindenburg ?
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- Le 14/06/2024
- Dans France
A priori certes, il n’y a rien, ou presque, de commun entre l’Emmanuel Macron de juin 2024 et le maréchal Paul von Hindenburg de septembre 1932. Encore que…
D’un côté un vieux militaire et de l’autre un jeune banquier, mais tous deux sont arrivés aux responsabilités exécutives sans jamais avoir été ni parlementaire, ni même élu local. L’un comme l’autre sont alors présidents de leur pays, élus une première fois dans un contexte économique difficile et réélus récemment avec le soutien des patrons alors que le pouvoir d’achat de leurs concitoyens est en baisse. Dans les deux cas, République de Weimar et 5ème République, la constitution leur laisse un rôle prééminent, pouvant nommer le chef du gouvernement et dissoudre la chambre basse. Ni l’un ni l’autre n’ont d’espoir de se maintenir au pouvoir suprême à moyen terme : Hindenburg à cause de son âge, Macron qui ne peut pas faire plus de deux mandats. Tous deux se sont initialement affichés comme opposés aux mouvements d’extrême-droite dont l’influence grandit (le parti national-socialiste en Allemagne, le Rassemblement national en France), ils ont affronté deux ans plus tôt lors du dernier scrutin présidentiel le leader de ce parti et ne l’ont défait qu’avec une marge limitée. Une élection vient de donner à l’extrême-droite un score inattendu (37% aux nazis aux législatives de juillet 1932, 32% au RN aux européennes de juin 2024).
« Vraiment, Paul, nous partageons plein de choses ! » pourrait dire Emmanuel Macron.
Le 12 septembre 1932, Hindenburg dissout le Reichstag. Macron dissout l’Assemblée nationale le 10 juin 2024.
En novembre 1932, les nazis confirment (sans plus : 33% des voix) leur première place. En janvier 1933, Hindenburg se résout à nommer Hitler comme Chancelier du Reich. Quelques mois plus tard, c’est l’incendie du Reichstag, la suspension des libertés publiques et l’élimination des Juifs de l’administration allemande et le boycott de leurs commerces.
Dans moins de trois semaines, nous verrons si l’histoire se répètera en France.