Un tramway nommé soupir ou sourire ?
L’autre mois, au Conseil des séniors d’Antony, je me disais que ce qui structurait et rassemblait la banlieue Sud de Paris, c’était la Bièvre, la ligne de Sceaux et l’Arpajonnais.
La Bièvre est maintenant enterrée pour une grande partie de son cours, elle a fait l’objet d’une superbe exposition il y a quelques années à la ferme de Cottinville à Fresnes ; la ligne de Sceaux est devenue le RER B avec le succès et les problèmes que l’on sait. Mais que sait-on de l’Arpajonnais ? En ce qui me concernait, bien peu de choses : un tramway reliant Arpajon à Paris au début du 20ème siècle le long de la route nationale de Paris à Orléans.
Pour en savoir plus, j’ai emprunté à la médiathèque deux ouvrages : un supplément à une revue de ferrovipathes et un DVD. Sage démarche qui débouche sur un pur bonheur mêlé de découvertes et de nostalgie.
On apprend en effet tout au long de la lecture et du visionnage de ces ouvrages : sur l’histoire, l’économie, l’agriculture, la mécanique, la sociologie, l’urbanisme… J’ignorais ainsi que la volonté des créateurs de la ligne à la fin du 19ème siècle (à l’époque où le Transsibérien prenait forme…) était de faciliter l’approvisionnement des Halles de Paris en produits maraichers depuis le Hurepoix et que la difficulté principale du projet ne fut pas technique mais administrative : il fallait obtenir l’autorisation d’emprunter les voies des tramways parisiens de la porte d’Orléans au carreau des Halles !
Mais toutes ces informations nouvelles, détaillées et abondantes sont livrées de façon très agréable, souvent par des illustrations d’époque, soit des plans, soit des cartes postales, et on se plait à reconnaitre la gare antonienne disparue sur l’actuelle esplanade du général Leclerc. Car l’Arpajonnais a marqué le paysage : des gares, des ponts subsistent encore. Inversement, la banlieue Sud a imposé sa marque sur la ligne : ainsi la desserte de Wissous justifiait un détour et le tramway quittait la nationale du Petit-Massy à Longjumeau.
L’exploitation de cette ligne cessa en 1937, laissant aux camions les transports de marchandises vers les Halles et les passagers aux autobus. Aujourd’hui les halles ne sont plus à Paris mais à Rungis et on y trouve des fraises du Congo et pas de Marcoussis ; les autobus DM153 qui relient Arpajon à la porte d’Orléans circulent sur l’autoroute en évitant Antony ; la nationale 20 qui a été départementalisée ne comporte même pas de voie de bus en site propre. Restent ces témoignages qui demeurent accessibles pour notre plus grand intérêt.
Henri Lamand et Jacques Peyraffite. Le chemin de fer de Paris à Arpajon. Chemins de fer régionaux et urbains, n°2/1987 (hors-série). Fédération des amis des chemins de fer secondaires, Issy-les-Moulineaux (disponible à la médiathèque Anne-Fontaine d’Antony sous la cote FL 944 3 IDF).
Christophe Ramage. Un tramway dans la tête – L’Arpajonnais, 1893-1936. DVD de 52 min, 2010. Shifter Productions, EDV 2388 (disponible à la médiathèque Anne-Fontaine d’Antony sous la cote 625 RAMA).
16/02/2021
Mots-clés : Lecture, Arpajonnais, tramway, Lamand, Peyraffite, Ramage
Date de dernière mise à jour : 23/02/2021