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  • Salut Gérard !

    Gérard Baldit est mort. C’était mon voisin – un peu plus haut sur le même côté de la rue. C’était aussi plus que ça : un gars avec lequel il faisait bon discuter de l’aménagement de la place Céline en allant au marché ou des oiseaux dans sa haie et de mes abeilles dans son jardin. C’était aussi le père de mon copain Maxime qui ouvrait volontiers sa maison pour accueillir Fabien, Denis et les autres pour préparer une nouvelle campagne électorale. C’était une victime du Covid que l’on avait vu avec soulagement revenir chez lui après tant de semaines à l’hôpital, puis ressortir doucement en ville… C’était un père et un grand-père fier de sa descendance. Il est mort dans son île, j’espère que sa fin a été paisible. Salut Gérard !

  • Réforme orthographique du français : vers la fin de l’inertie étatique ?

    La semaine dernière, est parue dans Le Monde une tribune signée par un collectif de linguistes, d’écrivains et d’autres intellectuels appelant à « mettre à jour notre orthographe ». Les auteurs de ce texte font le triple constat de l’immobilisme de l’orthographe de la langue française depuis 1878, des mauvais résultats des pays francophones dans les enquêtes de suivi des élèves et du temps perdu par les enseignants et les élèves dans l’acquisition (approximative) de normes incohérentes.

    Ils demandent la mise en œuvre réelle des révisions orthographiques de 1990, non seulement à l’école (c’est fait depuis 2008) mais aussi au collège et au lycée. Ils proposent aussi de supprimer l’accord du participe passé avec le complément d’objet direct placé avant l’auxiliaire « avoir ». Et ils suggèrent de régulariser en –s les pluriels actuellement en –x, pour eux, il faut enfin « ouvrir les yeus ».

    Je ne peux que saluer cette prise de position. Quinze ministres français de l’éducation se sont succédé depuis 1990 (dont des « pointures » telles que Jack Lang, Lionel Jospin, François Bayrou ou François Fillon) sans que les rectifications orthographiques, bien modestes, initiées par Michel Rocard, établies par le Conseil supérieur de la langue française et acceptées par l’Académie française se retrouvent dans les manuels des collèges. Si Gabriel Attal pouvait lâcher cinq minutes la question de l’abaya à l’école, il aurait l’occasion de faire œuvre utile. Pour ma part, j’avais dès 2008 pris mes responsabilités en ce qui concernait la pharmacie hospitalière (Défendre la langue française en la simplifiant. Le Pharmacien hospitalier 2008 ; 43 (175) : 187-8)Dfensefranaisdfensefranais.pdf (1.71 Mo), je n’ai rien à retrancher à ce que j’écrivais alors.

  • Maud Bregeon, députée hors-sol.

    Depuis le début, on nous bassine : Maud Bregeon est députée mais elle est tellement compétente sur l’énergie et tellement bien vue du Président qu’elle va monter au gouvernement au premier remaniement ! Mais en attendant, il faut bien se montrer : à l’Assemblée avec le succès que l’on sait sur la fusion ASN-IRSN, mais aussi en circonscription.

    Donc, ce mercredi 11 octobre à 19 heures, l’espace Vasarely sera le réceptacle de la célébration de la première année de mandat de Maud Bregeon. Un quatre pages en couleur sur papier glacé (quoi qu’il en coute…) annonce cette manifestation où Maud Bregeon devrait apparaitre proche de « sa » circonscription. 

    Maud bregeon

    Sauf que…

    Sauf que l’éditorial ne semble pas avoir été rédigé, ni même relu, par elle. Il débute en effet par « Voilà plus d’un an que vous m’avez élu ». Oui, élu, pas élue. Ca sent le texte-type, centré sur la politique nationale, diffusé à chaque député marcheur charge à lui/elle de l’adapter un peu – ou pas. Ou bien le travail vite fait d’un stagiaire assistant parlementaire débordé.

    Sauf aussi que le diaporama « en circonscription » de la page 3 fourmille d’incongruités : rentrée des classes aux côtés du « maire de Châtenay-Malabary Carl Segeaud » (à Châtenay-Malabry, on l’appelle plutôt par son nom : Carl Ségaud) ; inauguration du « salon du vin et du fromage d’Antony » (en réalité, la foire aux fromages et aux vins) ; et la « rencontre avec les soignants de l’hôpital d’Antony », plus connu par son sigle (HPA) ou par son vrai nom (hôpital privé d’Antony).

    Je suis dur. Ce n’est pas si facile de s’exiler aux confins de l’Essonne et du Val-de-Marne quand on vient de Levallois et de s'attarder quelques jours par mois aux alentours du parc de Sceaux. Il faut découvrir tellement de détails futiles qui n’ont d’importance que pour ces électeurs obtus attachés au territoire où ils vivent : le nom des villes, des maires, des fêtes, des équipements… Mais dans quelques semaines ou mois, tout cela pourra être oublié, Maud Bregeon sera ministre et notre député sera son suppléant actuel, Christophe Mongardien.

    Ah, au fait, Madame Bregeon, le nom de votre suppléant, c’est Christophe Mongardien, pas « Christophe Montgardien ». Encore un détail…

  • L’incendiaire et le champion

    La mecheL’éditorial de Jean-Yves Sénant dans Vivre à Antony de septembre (Les incendiaires et les champions) était vraiment « malaisant » comme disent désormais nos jeunes. Pas tellement pour la comparaison entre une rage collective destructrice (les émeutes de fin juin liées à la mort de Nael Merzouk à Nanterre) et un investissement personnel continu (la performance nationale en saut en longueur de Dreyfus Gbadjale, jeune habitant d’Antony) : fallait-il deux tiers de page pour énoncer des banalités dans le genre « détruire c’est mal - sans cesse sur le métier remettons notre ouvrage… » ? Non, le malaise tenait à la troisième colonne de l’éditorial où Jean-Yves Sénant a tutoyé la limite avec la xénophobie et le racisme. Citons l’auteur : « Alors, pourquoi ces incendiaires ? Qu’est-ce qui a conduit ces jeunes, dont les familles ont quitté un jour leur pays et ont choisi de venir s’établir en France, à concevoir une telle haine pour notre pays… » (soulignement par moi).

    Comment Jean-Yves Sénant sait-il que les incendiaires du Mont-Blanc et de Tabarly sont des jeunes ? Comment sait-il que leurs familles sont originaires de pays étrangers ? Comment connait-il leurs motivations ? Et s’il y avait parmi ces incendiaires de vieux Bretons séparatistes ? Non, Jean-Yves Sénant nous abreuve de ses a priori. Pour lui, la violence est forcément l’œuvre de jeunes, d’immigrés de la deuxième ou troisième génération et qui rejettent la Nation et la République.

    Cela s’appelle l’amalgame : confondre volontairement des concepts distincts dans un but de discrédit. Et revenir de cette façon sur ces évènements violents évidemment inacceptables sans même évoquer d’une phrase la possibilité d’autres raisons (par exemple : une révolte contre une société perçue comme inégalitaire, injuste et stigmatisante), c’est jeter de l’huile sur des braises encore chaudes. Autrement dit, c’est Jean-Yves Sénant qui est à la fois l’incendiaire et le champion de l’amalgame !

  • Archéologie de l'écologie

    Michel rambaut 2008 11

    Mon beau-père, Michel Rambaut, qui fut physicien nucléaire au CEA, est mort en 2009. Récemment, son épouse Geneviève a mis la main sur un de ses manuscrits, préparé en 1985 pour une « planche » devant sa loge maçonnique. Anne et moi avons découvert ce texte qui, malgré ses 38 ans, nous a semblé terriblement actuel. Avec l’accord de ma belle-mère, nous le divulguons aux profanes, sans aucune modification.

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    Pour une prise en compte du problème de l’écologie mondiale

    Qui n’a pas entendu parler des pluies acides sur l’hémisphère nord, aussi bien au Québec qu’en Scandinavie, ces pluies qui font mourir les forêts. Qui n’a pas entendu parler de la diminution en vingt ans du tiers de la forêt amazonienne. Qui n’a pas entendu parler de la pollution chimique d’un fleuve énorme comme l’Angara en Sibérie. Ce ne sont là que des exemples, mais qui sont l’indice du fait que l’impact de l’homme sur la biosphère devient de plus en plus lourd.

    Entrainée dans le tourbillon du progrès technique, la majorité des hommes modernes vit comme si nous disposions d’une biosphère de dimensions infinies. Il est certes dérangeant pour l’esprit de prendre conscience de ce que la biosphère n’est qu’une mince pelure de moisissure à la surface de la planète Terre, isolée dans l’immensité de l’espace. Le défaut de prise de conscience de cette dure réalité est explicable car nos mentalités ont été forgées par une culture qui remonte au néolithique, il y a quelques millénaires, alors qu’il n’y avait que quelques habitants par km² en Europe. Il y avait équilibre entre l’homme et le milieu naturel. Il est nécessaire de se rendre compte que cet équilibre est rompu. Notre civilisation et notre mode de vie sont devenus extrêmement fragiles face à la moindre situation accidentelle, soit naturelle, soit artificielle.

    L’homme n’est pas la première espèce à avoir submergé la planète et à lui avoir imposé sa loi. Les fameux dinosaures l’ont dominée durant une bonne centaine de millions d’années. Puis ils ont disparu brutalement il y a environ 60 millions d’années ; d’après la théorie la plus récente cette disparition serait due au passage de la Terre à travers un nuage stellaire comme il en existe beaucoup dans notre galaxie : le climat devint plus froid, les végétaux se raréfièrent et le milieu naturel ne fut plus à même de subvenir aux besoins considérables de ces créatures. C’est pourquoi on retrouve de nos jours de longues files d’ossements des restes de cette espèce groupée en divers emplacements de la planète. Seules résistèrent à cet aléa stellaire des espèces plus rustiques, dont les besoins étaient moins importants, les premiers mammifères.

    Il serait nécessaire de tenir compte de cette leçon de la nature, bien que le règne de notre espèce soit très récent sur cette planète, mais alors que son emprise sur elle est bien plus forte que celle des dinosaures.

    Il y a peu de temps, c'est-à-dire quelques millénaires ou même quelques siècles, l’homme vivait décemment en symbiose avec le milieu naturel. Les premières grandes métropoles comme Athènes, Alexandrie avaient un impact négligeable sur le milieu naturel.

    Au contraire de nos jours pour assurer la survie du milieu naturel et la sienne propre, l’homme doit se garder de toute erreur. De quel pourcentage, raser complétement la forêt amazonienne ferait augmenter le taux de gaz carbonique dans l’atmosphère de la planète ? C’est le genre de question que l’homme en tant qu’espèce doit se poser.

    Faire tout ce qu’il faut pour préserver le milieu naturel devrait être notre règle d’or, en ayant à l’esprit que le progrès technique pose beaucoup plus de problème qu’il n’en résout.

    C’est à son intelligence que l’espèce devra sa survie, autant qu’au respect de la nature.

    Ce problème d’écologie mondiale a en fait un aspect à la fois philosophique et symbolique. Il s’agit de retrouver principalement le sens du symbole de la déesse Mère, que l’on rencontre par exemple à la fois chez les habitants de l’Amérique du nord d’avant 1492, et à l’emplacement de l’Ukraine actuelle, mais il y a 20 000 ans. C’est ainsi que les Algonkins par exemple avaient vécu pendant 40 000 ans en équilibre avec leur Mère la Terre. Le respect de la nature aussi bien chez eux que chez les anciens gaulois se traduisait par une foule de symboles qui exprimaient la quintessence d’une réalité où chaque chose et chaque être devait avoir sa place.

    Avec le temps, le symbole pouvait se faire mythe, il n’empêche que par exemple l’idée symbolique de dieu tutélaire de la source, de génie du bois sacré, d’esprit du fleuve, assurait le respect du milieu naturel.

    Je me demande si nous n’avons pas abusé de symboles qui représentent uniquement la capacité de l’homme à agir, à construire mais aussi à dominer et à détruire. Il est des outils qui sont des armes contre la vie : je laisse à chacun le soin de trouver des exemples. Cela a peut-être été une étape nécessaire et bénéfique dans le développement matériel et moral de l’humanité, et peut-être aussi dans celui de la Franc-Maçonnerie. Il faut se demander si cette étape n’est pas finie.

    En revanche le progrès consistera peut-être à l’avenir à retrouver une dimension perdue, sans pour cela rejeter l’acquis de la connaissance et de siècles d’efforts scientifique et technique, et en s’efforçant de comprendre à nouveau des sentiments et des symboles enfouis dans le passé !

    J’estime personnellement que notre ordre ferait œuvre utile en proposant comme sujet d’études celui de l’écologie mondiale et des rapports nécessaire avec le symbolisme. Cette proposition pourrait commencer par venir de cet atelier.

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    Commentaires :

    Tout au long de ce texte, destiné à être lu, Michel Rambaut écrit « l’homme » et pas « l’Homme ». Il est cependant bien évident qu’il ne veut pas parler du masculin, à distinguer de la femme, mais de l’être humain (il parle d’ailleurs de « l’homme en tant qu’espèce »), confronté au milieu naturel, à la biosphère, à l’avenir ou à … l’Etre suprême.

    Michel Rambaut attribue l’extinction Crétacé-Paléogène à la traversée par notre planète d’un « nuage stellaire ». Cette théorie, discutée à l’époque de la rédaction du texte et encore soutenue ponctuellement il y a quelques années, n’est, à l’heure actuelle, plus vraiment défendue ; le consensus scientifique s’établit désormais sur l’impact d’un astéroïde, éventuellement suivi d’éruptions volcaniques.

    Ces deux bémols mis à part, je suis estomaqué par l’actualité des assertions ou allusions (la submersion de la planète, le taux de CO2 dans l’atmosphère, la personnalisation d'éléments de l'environnement), par la vigueur des formules (« la biosphère n’est qu’une mince pelure de moisissure à la surface de la planète ») et par l’ambition finale (c’est à son intelligence que l’espèce devra sa survie). Mais cet espoir est-il bien placé ? Je n’en suis pas certain.

  • Antony dans le JDD.

    Qui l’eut cru ? J’ai découvert dans le Journal du Dimanche l’autre jour, grâce à l’obligeance d’une citoyenne d’Antony dont le père travaillait à l’imprimerie (merci Catherine !), une enquête sur la banlieue parisienne en général et notre ville en particulier sous la plume de Victor Franco et Georges Moraux : Qu’est-ce qui ne va pas en banlieue ?

    Dès le premier abord, je suis surpris par le style des journalistes : ils citent Steinbeck à propos de l’urbanité et pas Geoffroy Lejeune sur le grand remplacement. Le JDD serait-il finalement plus proche du Nouvel Obs que de Valeurs actuelles ?

    Toujours est-il que leur parole semble vive et franche et qu’elle ne dissimule pas la réalité de notre cadre de vie. On découvre ainsi au fil de leur reportage ce qu’ils appellent « une cité futuriste au milieu des bourbiers » (sans doute le nouveau quartier Jean-Zay ?). Ils mettent en lumière sans concession « des transports archaïques » (évidemment le RER B). Ils évoquent « l’isolement et l’ennui » dans la cité qui « somnole le jour et dort la nuit » : comment leur donner tort quand Le Sélect est fermé cet été et que les Antoniens cinéphiles doivent se réfugier au Trianon ? Ils déplorent « la dispersion administrative », ayant évidemment constaté que le guichet SNCF le plus proche est à Massy, que la caisse d’allocations familiales est à Châtenay, la Sécurité sociale à Nanterre et le centre des Finances publiques à Vanves… Ils soulignent aussi des « rivalités de clochers d’un autre âge » : ils ont certainement entendu Jean-Yves Sénant refuser lors du dernier conseil municipal l’idée même de subventionner un peu la MJC et le centre de santé de Fresnes dont le tiers des usagers vient d’Antony.

    Mais au moment de copier le lien vers le site du journal pour que vous puissiez approfondir cet article de presse, je découvre un peu tardivement que ce numéro du Journal du Dimanche est daté du… 29 novembre 1964 ! Certainement que Jean-Yves Sénant, en amateur éclairé du cinéma italien, a fait de la réplique culte du Guépard sa devise secrète : « il faut que tout change pour que rien ne change ».

  • Pas de prisonniers !

    Avez-vous écouté Le Téléphone sonne sur France Inter mardi 25 juillet ? Non ? Vous auriez dû.

    Un syndicaliste policier (Jean-Christophe Couvy, présenté comme secrétaire national du syndicat Unité SGP Police FO) s’exprime au sujet de la « fronde des policiers » qui se traduit, notamment à Marseille, par des arrêts maladie, suite au placement en détention provisoire d’un policier mis en examen.

    Il prononce textuellement (à partir de 33 min 50 et jusqu’à 35 min 15) :

    On a une hiérarchie : Préfet, hiérarchie policière… qui disent « Ecoutez, on a des geôles de garde à vue qui sont pleines, les officiers de police judiciaire (je suis désolé) sont débordés, on fait le ménage et pas de prisonniers, parce qu’il faut à un moment donné récupérer la rue ». Bon. Après chaque policier effectivement reçoit cette information et a son taux de résilience, sachant qu’il faut remettre tout ça dans un contexte et je suis d’accord pour remettre dans un contexte : quand on est en période d’émeute où il n’y a plus de…, j’allais dire : plus de légitimité, c’est l’anarchie totale, eh bien, on reprend le terrain comme on peut avec les moyens que l’administration nous donne.

    Etonnement, les journalistes ne lui demandent pas de préciser son propos : ce qu’il entend par « Pas de prisonniers », « Plus de légitimité », « on reprend le terrain comme on peut avec les moyens que l’administration nous donne ». On en est donc réduit à interpréter.

    « Pas de prisonniers » ou « Pas de quartier », c’est, en termes militaires, le fait pour le vainqueur de ne montrer aucune clémence ou aucune pitié envers les vaincus et de refuser d'épargner leur vie après leur capitulation sans condition. C’est ça notre police ? C’est ça le message que le préfet et les contrôleurs généraux envoient aux policiers de terrain ? En tout cas, comme dit notre syndicaliste, chaque policier reçoit cette consigne et fait avec ce qu’il comprend ou croit comprendre. De mon côté, je n’ai pas compris « « le taux de résilience » de chaque policier mais c’est vrai que je n’ai pas eu de formation de psychologie appliquée au maintien de l’ordre…

    « Plus de légitimité » : de quel côté ? Est-ce à dire qu’un manifestant est légitime à montrer pacifiquement son opposition à des politiques gouvernementales mais qu’il ne l’est plus quand il le fait en dégradant des biens ou en attaquant des personnes ? Ou bien que la police est légitime à encadrer et contraindre une manifestation pacifique mais qu’elle ne l’est plus si elle emploie elle-même la violence de façon préventive ? On ne sort de l’ambigüité qu’à son détriment, mais, oui, les deux mon capitaine !

    « On reprend le terrain comme on peut avec les moyens que l’administration nous donne » : donc aussi avec des moyens de force intermédiaire ou avec des armes létales, c’est selon ? La fin justifie tous les moyens ?

    Je ne peux pas imaginer que des policiers sortent des fourgons avec l’envie d’enfoncer des crânes ou de casser des tibias. Je suis peut-être naïf. Mais soit notre syndicaliste dit n’importe quoi et c’est un peu problématique car il est, qu’on le veuille ou non, un peu un référent professionnel pour les policiers, soit il expose vraiment le contexte hiérarchique et il va falloir revoir le programme de formation non seulement des écoles de police mais aussi de l’Institut national du service public. Maurice Grimaud, réveille-toi, ils sont devenus fous.

  • Conseil municipal : focus sur... (5)

    Le conseil municipal d’Antony se tient en principe tous les deux mois. L’ordre du jour est fixé par le maire, il comporte plusieurs dizaines de délibérations sur des projets de décisions. Chacune est présentée par un élu de la majorité, qu’on appelle le rapporteur. Les élus des minorités posent des questions, demandent des éclaircissements, expliquent pourquoi ils sont d’accord ou pas sur la décision proposée. Puis le conseil municipal vote et on passe au point suivant. Ce processus emmène l’assemblée jusque tard dans la nuit… Les enregistrements vidéo des réunions sont accessibles sur le site de la mairie (Vidéos du Conseil municipal | Ville d'Antony (ville-antony.fr)). 

    Pour chaque réunion du Conseil, je donnerai ici un coup de projecteur sur un des sujets qui auront été traités.

    Pour ce mois de juin 2023, le focus sera sur : la gratuité des médiathèques.

    L’ordre du jour du Conseil appelait la validation des études d’avant-projet définitif de la future médiathèque du quartier Jean-Zay. Après une intervention d’Irène Huard sur le projet lui-même, j’ai pris la parole sur la nécessité de mettre en œuvre dès maintenant la gratuité totale des médiathèques communales ; j’ai exposé ce qui suit.

    " Voilà un projet ambitieux, éco-responsable, actuel, bref : enthousiasmant à la fois aux plans culturel et architectural !

    Je veux saluer ce soir les études et concertations qui ont eu lieu, j’en suis témoin, j’en ai même été un peu acteur au Conseil des séniors. Elles ont abouti à ce programme de 2021. Il n’est certes pas parfait : comme l’a souligné à l’instant Irène Huard, il oublie presque l’existence de la « petite » médiathèque Arthur-Rimbaud et ses horaires d’ouverture étriqués. Mais il donne une base solide pour le dossier technique. Vous nous avez aussi transmis un codicille de mars 2023 qui prétend « synthétiser » le document d’origine. Et autant l’absence de gratuité des médiathèques actuelles est justement critiquée dans le programme, autant ce point disparait subrepticement de la synthèse.

     Quand on vous interroge, M. le Maire ou Mme Rolland, à ce sujet, vous rivalisez de faux-fuyants : « on verra », « peut-être », « c’est possible qu’on instaure la gratuité plus tard », « on réfléchit », « on attend l’inauguration ou un autre évènement ». Un autre évènement, on se demande bien lequel ? Mais si, bien sûr : les prochaines élections !

    Pourtant le caractère payant des médiathèques est un véritable boulet :

    • C’est tout d’abord un boulet d’image. Il y a en France une tendance lourde à la suppression des frais d’inscription dans les médiathèques. L’autre soir, en commission, Eric Arjona annonçait 39% de médiathèques gratuites, il a juste omis de mentionner que ces 39% c’était en 2017, nous devons être maintenant bien au-delà. Allons-nous être la dernière médiathèque payante d’Ile-de-France ? Astérix… C’est d’autant plus absurde que les médiathèques qui ont servi de références dans le projet, c’est-à-dire Toronto et Stockholm, sont gratuites. Le caractère payant nous place aussi en contradiction avec le manifeste de l’UNESCO et avec une délibération de l’Association des bibliothécaires de France.
    • Le payant, c’est aussi un boulet pour la fréquentation. Les études conduites par cette même Association des bibliothécaires de France montrent une augmentation de la fréquentation après instauration de la gratuité d’au moins 5% et jusqu’à 30 à 40%.
    • Le payant c’est aussi un boulet de lisibilité : vos grilles tarifaires enferment, elles sont compliquées, elles sont laides et repoussantes. Faites simple et beau, faites gratuit !
    • Le payant enfin, pour parler votre langage, c’est un boulet financier. Vous faites payer pour le plaisir de faire payer, pas pour l’argent : le paiement du prêt ne couvre que 2% du budget de la médiathèque et la gratuité vous épargnerait un cout de gestion de plusieurs milliers d’euros par an…

    Alors, ce soir, faites un geste fort à la hauteur de ce bel équipement : annoncez la gratuité totale de nos deux médiathèques pour l’an prochain et laissez votre nom dans l’histoire !"